Chambre 31
Vue
imprenable sur la Seine, petits déjeuners en chambre compris, une salle
de bains avec baignoire, une très bonne opportunité pour notre première
nuit. Nous la voulions spéciale, dans un cadre dont nous puissions nous
souvenir ensemble. Check-in négocié pour 11h du matin. Il a fallu
négocier ferme avec elle. Petit à petit, elle a cédé, se ralliant à mon
idée qu'il nous fallait un cadre particulier pour notre première fois.
J'y tenais, autant qu'à mes goûts de luxe et mes exigences en matière
d'hôtellerie. Le goût du beau, d'un certain raffinement, pour accueillir
nos gestes et nos baisers. Deux semaines que nous ne nous sommes ni
vus, ni touchés et encore moins embrassés. A Lyon, nous avions failli et
puis nos corps avaient considéré que c'était encore trop tôt. Nous
avions contourné en poussant plus loin, bien plus loin, nos
attouchements. Ils étaient déjà presque comme une première fois, une
avant-première fois. Je l'avais goûtée à deux reprises le mardi et le
mercredi. J'avais adoré son goût tout autant que sa manière de
s'abandonner à mes lèvres, mes dents, ma langue et mes doigts. J'aurais
aimé qu'elle jouisse tout à fait. Lors de son séjour à Paris, nos
rencontres clandestines et matinales s'étaient renouvelées du dimanche
matin au mercredi, chaque jour marquant la nécessité de plus en plus
impérieuse de nous revoir le lendemain, aux aurores, et de prendre le
petit déjeuner chez moi, sur mon lit. Chaque matin avait eu son lot de
surprises, dévoilant notre faim mutuelle, la chute inattendue de nos
barrières. Cela avait commencé un dimanche matin, au marché des Enfants
Rouges. Elle était arrivée par derrière, apposant ses mains nues sur mon
visage. Instinctivement, nos doigts s'étaient emmêlés, puis sa taille
avait cédé a mon bras. Elle portait une robe en laine bleue, assez
courte et près de corps. Au café, elle avait défini une limite virtuelle
au milieu de la table de bistrot, entre ma tasse et sa théière. Cette
robe bleue, je ne l'oublierai jamais. Premier baiser, ma main en dessous
du genou. Plus tard, elle m'a révélé qu'elle portait des bas.
Chambre 24
Il y
a trois semaines, cette idée m'est venue, puis s'est imposée : revenir
rapidement, bien avant mars, pour fêter notre Saint-Valentin à nous.
Cette idée m'a paru folle : je n'ai jamais fêté la Saint-Valentin avec
ma compagne du moment. Je trouve cette fête commerciale, presque
insultante : allons au restaurant une fois par an, avec des chandelles,
comme tous les autres. Et pourtant, je veux marquer le coup. C'était
avant notre mardi, avant notre réveil du mercredi, avant la vingt et
une. De retour à Paris, il n'y avait plus aucun doute, plus aucun
questionnement sur ma motivation. C'était une évidence. Je voulais
ardemment notre Saint-Valentin à nous, rien qu'à nous, même si ce
n'était que pour vingt quatre heures, sans autre motivation que ce nous
qui enfle.
Pour
la première fois, je prenais EasyJet et la navette au lieu du taxi. Je
ne veux pas te gêner. Les treize jours d'attente nous ont parus infinis.
Tu as pensé à ta tenue durant toute une semaine. Le samedi, tu m'as
envoyé un texte splendide. Et puis, le dimanche, plus de nouvelle, plus
de texto, plus la moindre communication. Je savais qu'il y avait de la
tension familiale. J'étais inquiet. Le lundi soir, tu m'apprenais que
ton téléphone t'avait été confisqué. Nous avions convenu de passer par
ton amie Amandine. Tout était réglé, tu avais tout prévu. Le diner en
amoureux était maintenu. J'étais dans un état de rare fébrilité.
A
6h10 du matin, malgré quatre heures de sommeil tout au plus, je me suis
levé d'un bond dès la première sonnerie du réveil, mon sac et tous ses
possibles fin prêt depuis la veille au soir. A 6h45, le taxi m'enlevait
jusqu'à Orly. Plus je me rapprochais, plus mon coeur battait la chamade,
avec cette frustration de ne pas pouvoir te relater mon avancée
progressive vers toi. Dans l'avion, je dormais un peu et continuais à
écrire les Chambres 25 et 21. Arrivé à Orly en avance, je décidais de
prendre la navette qui m'emmena à Denfert. De là, je flânais au soleil,
déambulant dans les ruelles jusqu'au centre de la capitale.
L'avis du club
Pour le mois de juin, le Club des Livrophages a lu 2 nouvelles d'un auteur indépendant, Chambre 24 et 31 de Daniel Nguyen.
C'est une chronique qui n'a pas été facile à écrire, voilà pourquoi elle arrive si tard.
Tout d'abord,
heureusement que ce n'était que des nouvelles, c'était d'un ennui
mortel, on s'est dit que s'il y avait eu plus de pages, on aurait pas
tout lu.
On a trouvé ces
nouvelles inintéressantes au possible, le personnage masculin
pitoyable, limite malsain. Cet homme est sans gène et raconte sa romance
ainsi que sa vie sexuelle avec une jeune étudiante, on en sait pas
beaucoup plus sur leur âge respectif, leur rencontre ainsi que la
raison de cet amour secret.
L'une d'entre nous a
tout de même trouvé cet homme attachant à sa façon d'idolâtrer cette
femme, elle l'a trouvé romantique, c'est le côté fleur bleue de notre
copine. Cependant, elle a trouvé que les personnages ne sont pas assez
décrits.
L'écriture est brouillonne, certaines phrases sont à la limite du lisible.
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